À la suite de l’enquête diffusée par Radio France ce vendredi 4 avril faisant état d’un malaise profond au sein du métier des pompiers, le syndicat des Sapeurs-pompiers volontaires de France confirme l’accablant constat qui touche la profession.
Le métier de pompiers fait-il encore rêver ? Assurément pas en l’état. Suite à une enquête menée par la cellule d’investigation de Radio France, le syndicat des sapeurs-pompiers volontaires de France dresse un accablant constat sur la profession, qui fait écho à un rapport parlementaire tout aussi alarmiste. Selon celui-ci plus d’une centaine de sapeurs-pompiers sont en souffrance dans 35 départements français. Et ce n’est qu’un début.
Harcèlements sexuel et moral, conflits internes, discriminations et même suicides… Le retour de flamme est brutal pour le modèle français et ses 43 000 pompiers professionnels présents dans les Sdis (Services départementaux d’incendie et de secours) ainsi que les 200 000 pompiers volontaires, qui représentent 80% des effectifs.
Des pompiers sur-sollicités et usés
Beaucoup moins formés que les professionnels, ces derniers ont un statut de fonctionnaire territorial, renouvelables tous les cinq ans, et sont régulièrement d’astreintes pour venir renforcer les équipes, si besoin. Ils dénoncent un temps de garde trop élevé. “Nous sommes indemnisés 20 à 70 centimes de l’heure et dans plusieurs départements nous ne sommes même pas indemnisés de nos astreintes. En intervention nous sommes indemnisés entre 10 et 12 € de l’heure“, révèle par communiqué le syndicat des sapeurs-pompiers volontaires.
Sur-sollicités, à l’image de leurs collègues professionnels(le nombre d’interventions est passé de 3,5 millions en 2020 à 5 millions en 2024), comment attirer de nouveaux profils ? La direction générale de la sécurité civile estime en moyenne que la durée d’engagement en France d’un sapeur-pompier volontaire en France est de douze ans et quatre mois. Parallèlement, les données de la sécurité civile font état d’une augmentation du délai avant d’arriver sur une intervention des ‘soldats du feu’, de deux minutes en moyenne (mais il peut s’étendre davantage dans les zones rurales, avec les déserts médicaux).
De héros à lanceur d’alerte
Face à ce ras-le-bol, certains sapeurs-pompiers ont juridiquement attaqué leur hiérarchie. Vosges, Meuse, Alpes-Maritimes, Savoie, Isère… Les conflits se multiplient. Alors que le nombre de casernes a diminué de 30 % en 20 ans, les pompiers réclament l’embauche de jeunes recrues. Seulement si la population française a augmenté et vieilli, les sapeurs-pompiers se retrouvent également plus âgés, et d’ici quelque temps la plupart pourrait être déclarée inapte physiquement à leur métier.
“2025 sera l’année du changement”, indique le syndicat des sapeurs-pompiers volontaires. Avant d’ajouter : “les agents victimes trouvent enfin une voix neutre vers qui se tourner. Le mouvement Me Too chez les pompiers volontaires est lancé !“