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La vaccination obligatoire pour les pompiers ?

La vaccination sera rendue obligatoire pour les soignants à compter du 15 septembre. Une mesure qui devrait aussi concerner les sapeurs-pompiers. En attendant les textes officiels, plusieurs questions demeurent, notamment sur la
mise en œuvre concrète de l’obligation et le cas des sapeurs-pompiers volontaires.

C’était l’une des annonces fortes du Président de la République, lundi 12 juillet : la vaccination obligatoire des soignants, d’ici le 15 septembre. Après quelques heures d’interrogation, il apparaît finalement que cela concernera aussi les sapeurs-pompiers, qui peuvent se retrouver régulièrement en contact avec des personnes vulnérables.
Une décision de bon sens, selon Alain Laratta, secrétaire général d’Avenir secours : « S’il y a une contrainte de vaccination pour le personnel soignant, cela nous paraît logique d’y intégrer les pompiers. Tous ceux qui interfèrent avec les hôpitaux de près ou de loin doivent bénéficier du même traitement. Là où je m’interroge, comme d’autres, c’est sur le fait que cette mesure n’ait pas été prise plus tôt. »
La moitié d’entre eux ne seraient pas encore vaccinés, selon Hugues Deregnaucourt, viceprésident de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France et directeur départemental du Sdis de l’Ain. « Cela peut s’expliquer par le fait que c’est une population assez jeune et sportive qui ne s’est pas forcément sentie directement concernée par les risques. Les pompiers ont aussi été très bien protégés depuis le début de la crise. Et puis il peut y avoir une forme de méfiance, comme dans l’ensemble de la société. » Au sujet de l’annonce d’Emmanuel Macron, il rappelle que la fédération est « favorable à ce que les pompiers rentrent dans le champ des soignants depuis le début de la crise donc pour la vaccination c’est la même position. »

Responsabilisation plutôt qu’obligation

Du côté de la FASPP-Pats, la réaction est plus nuancée. « Tout le monde est surpris.
Cela vient semer le trouble parmi nos collègues qui sont divisés sur le sujet. C’est une question tellement individuelle. Nous, nous revendiquons une responsabilité individuelle à se faire vacciner plutôt que l’obligation, explique Sébastien Jansem, président délégué du syndicat. Le problème, c’est aussi que cela intervient alors que les agents sont dans un
état de lassitude par rapport à cette crise et à toutes les promesses autour du « monde d’après ». On se demande si cela ne va pas être pire ! »
Alors que les agents attendent une reconnaissance concrète pour leur engagement depuis le début de la crise, ils pourraient au contraire voir dans cette annonce une forme de stigmatisation. « Vu l’atmosphère de défiance qu’il y a dans la société et dans les Sdis tout particulièrement, cela va attiser les tensions et je ne pense pas que nous avons besoin de cela », prévient Sébastien Delavoux, de la CGT des Sdis. « Les annonces favorables ne
sont pas appliquées mais la coercition, elle, tombe très rapidement », ajoute encore Sébastien Jansem.


S’il est un point sur lequel les syndicats s’accordent, c’est sur l’application de la mesure. « Quid de ceux qui refuseront ? Qu’est ce qu’on en fait ? On les met à pied ? Autant pour ceux qui refusent de se faire vacciner contre l’hépatite B on peut les affecter à des tâches non sanitaires telles que les incendies. Là, comme ils sont contaminants et contaminables, on ne peut même pas les reclasser dans des activités tiers… » pointe Alain Laratta. « Si demain un pompier refuse de se faire vacciner, est ce que le Sdis va engager une procédure de révocation à son encontre ? Je ne vois pas comment, s’interroge Sébastien Bouvier, chargé de mission Sdis CFDT Interco. Tout établissement public a l’obligation de reclasser un agent qui n’a pas l’aptitude physique définie par les différents cadres d’emploi. Il faut donc des précisions sur ce point. »

La question des volontaires

Autre inconnue : le sort des volontaires. Dans son discours, le président de la République a précisé que la mesure concernerait les « bénévoles ». Or les sapeurs-pompiers volontaires sont rémunérés pour leur mission. Sont-ils pour autant concernés? « Nous sommes tellement dépendant d’eux que s’ils n’ont pas envie de se faire vacciner que fait-on? » s’alarme Sébastien Delavoux. Moins pessimiste, Hugues Deregnaucourt, convoque encore l’exemple du vaccin contre l’hépatite B : « Lorsque cela a été rendu obligatoire en 1991, ça a beaucoup râlé et finalement tout le monde s’y est plié. Nous n’avons pas encore la précision concernant les volontaires mais à nous d’anticiper, de faire preuve de pédagogie et de nous organiser dans les département pour accélérer les créneaux de vaccination. »

Via
La gazette des communes
Source
Mathilde Elie
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