Le syndicat CGT au sein des pompiers de la Marne a reçu un PV suite une manifestation organisée en mars à Châlons-en-Champagne, jugée trop bruyante. Il a été verbalisé à une amende de 150 euros.
Une manifestation trop bruyante. Voilà ce qui est reproché au syndicat CGT des pompiers de la Marne après un rassemblement devant le siège du conseil départemental de la Marne le 21 mars dernier.
Si l’action remonte bientôt à un mois, le syndicat a appris il y a seulement quelques jours sa verbalisation pour « bruit ou tapage injurieux troublant la tranquillité publique par l’utilisation d’un système tonne fort customisé », comme l’indique le syndicat qui cite, dans un communiqué daté du 14 avril, les termes utilisés dans le procès-verbal.
« C’est un appareil qui fonctionne à gaz et qui est utilisé pour effrayer les oiseaux dans les champs. Il fait des petites explosions plus ou moins fortes », détaille Mario Santin, secrétaire général de la CGT au sein du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de la Marne, interrogé ce mardi 15 avril. « Le commissaire a trouvé que c’était trop fort. Bizarrement, la manifestation des agriculteurs plusieurs semaines avant, ce n’était pas fort. Nous par contre c’était trop fort », souffle-t-il.
Depuis plusieurs mois, des syndicats du SDIS se mobilisent pour dénoncer des manques d’effectifs. Le 21 mars, la CGT avait appelé à se rassembler devant le conseil départemental, qui avait décidé dans son budget 2025 de diminuer la dotation qu’il accorde aux pompiers. Entre le budget voté pour 2024 et celui de 2025, la somme allouée au service d’incendie, d’environ 20 millions d’euros, a ainsi été réduite d’environ 440 000 euros, une baisse inédite depuis au moins sept ans.
On a toujours fait du bruit lors de nos manifestations. La musique, les sifflets, les pétards, etc. Il n’y a aucune raison d’agir comme ça.Mario Santin, CGT SDIS Marne
Sur place, un commissaire a voulu, selon la CGT, confisquer le matériel avant de renoncer. Le syndicat pense alors que cela n’ira pas plus loin. Mais finalement, c’est par courrier qu’il apprendra qu’il est redevable d’une amende de 150 euros à laquelle s’ajoutent 62 euros de frais.
Un « excès de zèle »
« Cela a été envoyé au camarade qui s’occupait de l’appareil. Ils ont retrouvé son nom alors qu’il n’y avait que le mien sur la déclaration de rassemblement. Donc il a été dénoncé par quelqu’un », assure Mario Santin. Le représentant syndical indique avoir pris contact avec un avocat pour envisager un recours.
Cet « excès de zèle », comme il le qualifie est une première. « Si on ne peut pas manifester en se faisant entendre, je ne vois pas comment on va pouvoir s’exprimer. » Il assure que le rassemblement « était pacifique » et « se passait très bien ».
La CGT a déposé un préavis de grève qui court jusqu’à la fin du mois d’avril. « Il sera reconduit tous les mois jusqu’à ce qu’on obtienne le retour à nos effectifs normaux », promet Mario Santin. Selon le syndicat, il manque 24 postes dans le département.
Des recrutements devraient intervenir, selon notre interlocuteur. « On ne sait pas précisément où vont être dirigés les agents. Tout en sachant qu’il manque du personnel sur l’ensemble des gros centres du département : Épernay, Châlons-en-Champagne, Reims et Vitry-le-François. »
Pour se faire entendre, la CGT a déjà prévu des distributions de tracts sur les marchés ou à des carrefours pour informer la population plus directement. Elle réfléchit aussi à de nouveaux rassemblements après les vacances scolaires. « On fera toujours du bruit », assure le représentant syndical.
Écrit par Matti Faye – France TvInfo