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Européennes : L’ex président de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers, Grégory Allione, candidat macroniste

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  • “Âgé de 52 ans, cet ancien directeur de la fédération nationale des sapeurs-pompiers est une figure reconnue dans le monde des soldats du feu”.

Sur la scène de La Coque, ce jeudi soir, à Marseille, Grégory Allione vit ses premiers applaudissements militants, au côté de ses colistières, dont l’ancienne première ministre Elisabeth Borne, descendue à Marseille pour l’évènement. Dans la petite salle de la Joliette, il se prête volontiers au jeu des questions-réponses avec une assistance acquise à la cause du parti macroniste.

Dans la dernière ligne droite de la campagne, la liste Renaissance menée par Valérie Hayer pour les élections européennes du 9 juin met en avant un de ses candidats, issu de la “société civile” et nouveau venu en politique à ce niveau de mandat électif. Huitième sur la liste, en position éligible, Grégory Allione a pour lui le prestige de l’uniforme des pompiers.

Ce n’est pas le bleu du fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, que revendique Bernard Leggeri, ancien patron de Frontex et propulsé en troisième position de la liste du RN. Ni le kaki discret du général Gomart, ancien patron du renseignement militaire, également en troisième position sur la liste LR. Mais les soldats du feu ont pour eux une popularité sans faille, qui pourrait permettre à la liste Renaissance, régulièrement annoncée larguée par le RN dans les sondages, de grappiller quelques points.

Une carrière dans le sud

Si Grégory Allione est un quasi inconnu au plan national, il l’est moins dans le Sud de la France où il a effectué la majeure partie de sa carrière. Il y dirige toujours l’École nationale supérieure des officiers sapeurs-pompiers (Ensosp), située à Aix-en-Provence. Avant cela, il était en poste au service départemental d’incendie et de secours, le SDIS 13, un satellite du département des Bouches-du-Rhône, présidé par le maire (DVD) de Bouc-Bel-Air, Richard Mallié.

Curieusement, sa biographie officielle préfère mettre en avant une autre ligne de son CV, d’ailleurs de manière erronée, pour résumer sa carrière.

De fait, Grégory Allione n’a jamais été directeur de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF). En revanche, il en a été le président durant quatre ans, de 2018 à 2022, alors qu’il exerçait toujours la fonction de directeur du SDIS 13.

Un “en même temps” gênant

Contrairement à ce qu’écrit sa biographie officielle sur la liste Besoin d’Europe, ce n’est pas “ensuite” qu’il s’est investi comme administrateur de la fédération des pompiers mais en même temps qu’il dirigeait le SDIS 13, fort de quelque 1200 pompiers professionnels. Et ce sont les conditions de cet “en même temps” très macronien qui interrogent aujourd’hui.

D’après les documents que Marsactu a pu consulter, le directeur du service d’incendie et de secours des Bouches-du-Rhône depuis 2014 bénéficiait d’une mise à disposition auprès de la Fédération nationale des sapeur-pompiers et ce, dès son élection au sein du comité exécutif de l’association en 2016. Problème, Grégory Allione est fonctionnaire territorial depuis le début de sa carrière chez les pompiers, mis à part quelques parenthèses politiques au sein de cabinets ministériels.

Dans la délibération soumise à l’approbation du bureau du SDIS 13, en 2022, les élus approuvent à l’unanimité la convention entre la fédération et le service départemental “en vue de garantir l’accomplissement du mandat électif” de l’intéressé “tout en veillant à la nécessaire compatibilité avec [sa] profession” jusqu’à la fin de son mandat prévue pour 2024.

Une convention open bar en 2019

Dans ladite convention, les deux entités s’accordent sur “l’intérêt conjoint” qu’elles ont à faciliter l’engagement associatif de Gregory Allione. Mieux, il bénéficie pour ça d’un aménagement d’emploi du temps, sans rien préciser du nombre de jours ou d’heures de mise à disposition. Dans les précédentes conventions, de 2016 à 2019, la mise à disposition ponctuelle était évaluée à la louche à 60 jours par an soit cinq jours par mois.

En 2022, s’y ajoute une mention open bar, puisque Grégory Allione qui signe la convention avec le président du SDIS 13, Richard Mallié, peut s’appuyer, “sous réserve de nécessité, sur les structures et les moyens de la direction départementale pour l’accomplissement de son mandat associatif“. On ne sait pas à quel point, le colonel Allione met à profit les moyens publics de son établissement pour les besoins de la fédération qu’il préside. En tout cas, en juillet de la même année, le SDIS 13 met volontiers à disposition de la fédération “à titre gracieux” un camion de pompiers durant plusieurs d’étapes du tour de France. La fédération présidée par Allione y mène des actions de sensibilisation à la prévention, en partie avec des moyens publics.

Or, la loi est très claire concernant la mise à disposition de fonctionnaires. Si celle-ci est possible, elle repose sur un cadre précis. La loi liste donc les organisations qui peuvent accueillir un fonctionnaire dans le cadre d’une mise à disposition et elles ont toutes en commun la dimension “publique“, que cela soit par la nature même de cette organisation (administration, collectivité, établissement) ou la mission qui y est exercée, même par une entreprise privée. Et, dans ce cas, la mise à disposition dudit fonctionnaire doit être strictement limitée aux “seules missions de service public confiées à ces organismes“.

Le lobby des pompiers

La fédération des sapeurs-pompiers de France ne relève pas d’une organisation publique. Elle n’exerce pas non plus de mission de service public, même si elle rassemble des femmes et des hommes qui ont le sens du service chevillé au corps. Ainsi elle est déclarée en tant que lobby auprès de l’Union européenne et paraît à ce titre dans le registre de transparence, mis en place par les institutions européennes pour répertorier les organisations qui cherchent à exercer une influence sur le processus législatif européen. La fédération est l’émanation des unions départementales, elles-mêmes issues des amicales communales des sapeurs-pompiers. Une grande partie de son activité consiste à défendre le statut de sapeur- pompier volontaire, notamment contesté par les syndicats professionnels.

Elle figure également au sein du répertoire des “représentants d’intérêts” de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique pour son activité de défense du modèle français de sécurité civile.

La fédération des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) ne peut donc pas bénéficier de la mise à disposition d’un fonctionnaire. C’est d’ailleurs, la réponse immédiate d’Éric Brocardi, le directeur de la communication de la FNSPF. “Cela n’est pas possible, explique-t-il.

C’est comme si mon père, prof d’EPS, était mis à disposition de la fédération française qu’il préside“.

Un collaborateur de cabinet à cheval sur deux entités

Comme nous lui expliquons que nous disposons de documents officiels signés par les deux parties faisant état d’une mise à disposition, il nous conseille de les faire suivre à Jérémy Sénatore, le chef de cabinet du président de la FNSPF. Lui non plus n’est pas un inconnu, sous nos latitudes, puisqu’il cumule ces fonctions avec celle de directeur de cabinet du maire de Bouc-Bel-Air et président du SDIS 13, Richard Mallié depuis 2019.

Ce n’est pas du tout une mise à disposition, justifie-t-il à son tour. La fédération n’est pas apte de par ses statuts à bénéficier de la mise à disposition de fonctionnaires. Il s’agit d’une convention de dédommagement qui permet de couvrir les frais du SDIS qui seraient occasionnés par l’exercice de son mandat associatif. S’il utilise les timbres, le téléphone, voire même un véhicule du SDIS. Cette convention concerne tous les membres bénévoles du comité exécutif de la fédération. Elle est d’ailleurs prévue par un article de notre règlement intérieur“.

Effectivement, l’article 48 du règlement intérieur de la fédération prévoit une telle convention liée “à l’utilisation du secrétariat, des moyens de communication téléphonique ou de télécopie, à l’affranchissement des courriers, aux frais de véhicule, et en général toutes les utilisations qui peuvent être faites des moyens appartenant à leur employeur” pour déterminer “forfaitairement le remboursement de ces coûts“.

La convention signée en 2019 et celles en vigueur les années précédentes ne détaillent aucun frais mais uniquement “des facilités de service pour l’accomplissement de sa mission et pour effectuer des tâches liées à son mandat, dans la limite de 60 jours par an“.

Ces “facilités” donnent lieu à remboursement pour un montant de 4421 euros, payés en deux fois. Pire, elles sont définies comme “une mise à disposition ponctuelle” à la première page de ladite convention.

Feuille de calcul

Même chose en 2016, alors que Grégory Allione n’est encore que vice-président de la fédération et déjà patron du SDIS. Il n’est nulle part question de timbre ou de téléphone mais bien d’une “convention de partenariat (…) visant à la mise à disposition ponctuelle de monsieur Grégory Allione, auprès de la fédération pour l’accomplissement de ses missions et tâches liées à son mandat électif“. En annexe, à la convention, on trouve même une feuille de calcul permettant de détailler la façon dont l’indemnité versée au SDIS a été montée.

Via
Benoît Gilles
Source
MarsActu
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