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Harcèlement sexuel chez les pompiers : un ancien adjudant de la Manche condamné

Un ancien adjudant du centre de secours de Saint-Lô (Manche) était poursuivi pour harcèlement à l’encontre de trois de ses collègues féminines.

Un ancien adjudant du centre de secours de Saint-Lô était poursuivi pour harcèlement moral et sexuel à l’encontre de trois de ses collègues féminines.

Ce lundi 8 mars, la cour d’appel de Caen l’a relaxé pour les premiers faits reprochés, mais l’a condamné à trois mois d’emprisonnement avec sursis sur le volet harcèlement sexuel. En première instance, il avait été relaxé pour l’ensemble.

« Dénigrement systématique »

Cette affaire avait démarré en décembre 2018 avec un courrier d’un autre adjudant, adressé au directeur du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de la Manche, dans lequel il avait indiqué avoir recueilli les témoignages de plusieurs collègues. Certaines s’estimant « persécutées », pour reprendre le terme employé dans l’arrêt de la cour, par le gradé mis en cause. Le procureur de la République de Coutances avait alors confié l’enquête au commissariat de Saint-Lô.

Entendue, l’une des femmes concernées, alors pompier volontaire depuis deux ans, dénonçait faire l’objet d’un « dénigrement systématique » sur ses compétences professionnelles en raison de son sexe et de ne jamais être appelée par son nom et prénom.

Il conteste les vidéos pornos

Elle assurait avoir été obligée de regarder à deux reprises des vidéos pornographiques sur le téléphone portable de l’adjudant, dont une fois avec une autre femme, et s’être vue proposer « un plan à trois ». L’expertise psychologique faisait état d’une anxiété chez elle et son incapacité totale de travail était estimée à 9 jours.

Une autre jeune femme, âgée de 19 ans et en préparation à l’école d’infirmière de la commune, décrivait un « regard pervers » et « plein de sous-entendus » de la part de son supérieur, comme ses propositions à venir à plusieurs reprises chez lui. En plus d’un discours toujours axé sur la sexualité, elle aussi dénonçait des réflexions désobligeantes.

Son ITT à elle était évaluée à 5 jours. Sur la base de certains des témoignages recueillis durant la procédure, les plaignantes étaient désignées en interne comme « les trois salopes ». Selon les parties civiles, la caserne ne comptait que cinq femmes au total.

Placé en garde à vue, le mis en cause de 38 ans, pompier volontaire depuis 20 ans, s’était plaint d’un « complot » comme celui qui avait échoué dans le cadre d’une action disciplinaire antérieure. Son engagement avec les pompiers avait été résilié mais le tribunal administratif de Caen avait décidé sa réintégration en avril 2017.

« C’est la vie à la caserne »

Il assurait que ses remarques étaient à prendre sur le « ton de l’humour » et que les blagues « entre mecs » étaient une pratique courante. « Mais il n’y a rien de méchant, c’est la vie à la caserne. » Le mis en cause contestait par ailleurs le visionnage de vidéos pornos. La consultation de son téléphone a pourtant démontré le contraire : il avait consulté sept sites pour adultes la veille de son audition.

Entendu également, l’un de ses collègues pompiers volontaires faisait valoir que les pompiers, « ce n’est pas les Bisounours ». Et qu’il fallait faire la nuance entre la « mauvaise blague de pompier et le truc réel », car « tous parlent de cul » à la caserne.

Un adjudant-chef décrivait, lui, le mis en cause comme « quelqu’un de direct avec les filles comme avec les gars ». Un autre évoquait « un gamin, un fou-fou » à « recadrer ». Ses qualités professionnelles n’étaient en revanche contestées par aucune des personnes entendues.

Manque de respect

Dans leur arrêt, les juges caennais ont estimé que ces « mauvaises blagues de pompiers », pour reprendre les propos de son collègue, « de la part d’un homme de 38 ans, gradé de surcroît, vis-à-vis de jeunes femmes, répétées dans le temps, constituent le délit de harcèlement sexuel ».

Pour la cour, le pompier, jamais condamné auparavant, « n’a pas compris par son comportement le respect dû aux personnes de sexe féminin, plus jeunes que lui et de plus placées sous son autorité ». Il est condamné à leur verser un euro symbolique au titre des dommages et intérêts, et à leur verser 1 500 € pour les frais d’instance.

Source
Rédaction La Presse de la Manche
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